Dans le cadre du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre
Commissaire d’exposition : Maria Malagardis
Avec les photographes : Guy Tillim, Moses Sawasawa, Esther N’sapu, Ley Uwera & Dieudonné Dirole
« C’est une région magnifique, dotée d’immenses ressources naturelles. Mais depuis près de trente ans, la frange orientale de l’immense République démocratique du Congo (RDC) est déchirée par la violence de groupes armés qui n’ont fait que se reproduire et se multiplier. Comme les métastases d’un cancer, déclenché lors du basculement qui suit le génocide des Tutsis en 1994 dans le pays voisin, le Rwanda. Cinq photographes, tous originaires d’Afrique, dévoilent tous les aspects de cette tragédie, également illustrée par les vidéos d’anonymes, les propos d’écrivains ou de témoins sur ce drame sans fin.
Il se poursuit, malgré la présence de la plus coûteuse opération de maintien de la paix au monde, la Monusco. Un désastre qui se solde par des milliers de déplacés et la prolifération des armes. Mais il existe aussi une part invisible des violences, celles qui se déroulent loin du regard médiatique dans cette région, grande comme deux fois l’Irlande, elle interroge sur la façon de couvrir ces conflits dans une partie du monde abandonnée depuis longtemps par le pouvoir central à Kinshasa, à plus de 2 000 km de distance.
Sous l’ombre d’un volcan toujours en activité, Goma, la capitale du nord Kivu, reste sous la perfusion humanitaire de l’aide internationale qui accompagne l’état d’urgence militaire, sans jamais rien régler. « Ici mourir c’est plus rapide que vivre » m’avait confessé en 2019 un chef des jeunes de quartier. Et pourtant la vie continue, grâce à la résilience des habitants attachés à leur région. Car il faut bien continuer à espérer, même quand le paradis se trouve aux portes de l’enfer. »
Texte de Maria Malagardis